Les célèbres Cracki Parties qui ont mis en émoi la capitale en investissant notamment des usines désaffectées sont devenues un label dont le but est de promouvoir les talents made in l'Eléphant ;-) Nous nous faisons un plaisir d'en parler car derrière ce beau projet on trouve notre compatriote Qosmonaut, qui œuvre également à Toulouse au sein du Cabanon. La première sortie est signée Larcier, qui livre une plage de house très épurée, minimaliste et deep, portée par le vocal pop classieux d'Isaac Delusion. Renart, concluant l'EP, accentue les claps pour emmener le morceau original sur les dancefloors. Vivement la prochaine sortie, que j'ai eu le privilège d'écouter et qui, pleine d'élans folk électroniques, a pu réchauffer un peu mon cœur en ces premiers jours d'hiver... Larcier - Sometimes I See EP [cracki001] by Cracki Records !
Sur ce, je reviens à mes chocolats en vous souhaitant à tous un joyeux Noël, fidèles lecteurs ! Notre Père Noël a d'ailleurs laissé ci-dessous un petit cadeau pour vous...
Bonus de Noël !
La version vocale à télécharger gratuitement, thanks to XLR8R.
On ne vous avait pas parlé du label orléanais Soukouch Ethnik jusque-là mais nous n'en suivions pas moins chacune des sorties avec une grande attention. En effet, notre curiosité a été piquée dès la première release, l'Introducing EP de Martin Sauvage, cofondateur du label avec Kyjah! (le maxi est disponible ici en free download). Le label marche sur des plates-bandes qui nous sont familières : juke, UK bass, garage, tropical bass, footwork, Bmore..., défrichant des artistes promis à un bel avenir.
C'est donc avec empressement que nous nous emparons de la septième sortie du label, le Get Closer EP signé Nah Like, pour afficher notre soutien à cette jeune structure. Nah Like se compose du Français The Quest et du Belge Ralph Low. Le premier vient de l'univers de la bass music tandis que le second est plus proche de la scène hip hop au sens large. Par conséquent, le maxi opère naturellement la fusion de ces deux influences, la déclinant de différente manière au fil des trois originaux, "Close", "Waiting You" et "Blessed". Personnellement, j'aime particulièrement la touche Bmore du dernier cité. Côté remix, on a affaire à un beau travail de deepisation du Brooklyner Norrit sur "Waiting You" et Kon joue la carte du mysticisme sur "Blessed". Le boss, quant à lui, a eu le bon goût d'offrir gratuitement sa version de ce même morceau, que vous pourrez télécharger ci-dessous.
Inégale dans ses propositions, la dance-music version 2011n'aura pas échappé à la loi d'airain dont procède traditionnellement son évolution. Agissant par hybridation, par recombinaison d'éléments préexistants, revisitant son passé à l'aune du présent, elle a pu produire d'excellents morceaux durant l'année sans toutefois être en mesure de faire jaillir une profonde révolution des formes sonores.La faute en revient souvent à un contexte de production,de diffusion et d'écoute totalement bouleversé à l'heure du net, achevant de consacrer une forme de globalisation musicale qui, paradoxalement, affaiblit son impact général. Prisonnière d'une dynamique rhizomique , la dance-music ne se mondialise en effet qu'en se fragmentant, créant toujours plus de micro-courants peu propices à l'élargissement de son public, qui lui même se segmente à l'infini, en l'absence d'un ancrage territorial fort susceptible de procurer de solides bases à un développement idiosyncratique. En un sens, l'electro semble de plus en plus post-géographique tout en continuant à hybrider des genres précisément définis par leurs origines territoriales (la techno/house de Detroit/Chicago/Berlin , le UK garage, ...) . A l'inverse, les tentatives pour fédérer et unifier tous ces courants en un mouvement de masse s'effectuent souvent au détriment des valeurs de la dance-music tant les genres les plus populaires cette année reprennent en réalité à leur compte les principes du rock comme en témoigne l'audience toujours croissante d'un dubstep désormais plus proche du heavy metal que de ses racines londoniennes. Ce constat établi, petite revue des tendances que l'on a cru déceler dans ce foisonnement musical version 2011 à partir de quelques néologismes plus ou moins improbables.
Glime: littéralement, courant qui vise à rendre glamour le
grime.Par extension, désigne tout ravalement de façade sonore qui tend à
inverser les valeurs d'un genre musical underground pour le rendre
désirable aux oreilles d'un large public juvénile, selon la recette
appliquée par Daft Punk en son temps sur la house.Exit donc le
minimalisme dark, le son crade , les atmosphères trop déprimantes de
désespérance sociale et place à une approche maximaliste conjuguant
synthés multicolores en 3D, gimmicks vidéoludiques flashy et vocaux
sous hélium. Force est de constater que si cette captation du capital
subculturel des prolétaires par des futurs nouveaux riches à peine majeurs va
quelque peu à l'encontre de nos idéaux désuets de redistribution
égalitaire des richesses, elle a produit cette année des résultats
enthousiasmants (Glass Swords de Rustie, bien sûr).
Meilleurs exemples 2011 : Rustie, Hudson Mohawke, Kampfhaft, Sinjin Hawke.
Youkigaragisme: Artisan basé à Sydney , Toronto ou plus exceptionnellement à Londres, le youkigaragiste est nostalgique d'un temps qu'il a rarement connu, faute d'avoir eu 20 ans en 1998, depuis qu'il est tombé sur un vieux track de Groove Chronicles en flânant sur YouTube.Dès lors il n'a de cesse de vouloir faire swinger ses beats comme Steve Gurley tout en passant ses nuits sur E-Bay à regarder s'envoler la cote des vieux maxis d'Industry Standard.
Meilleurs exemples 2011 : Mosca,Chaos in the CBD, VVV.
Le syndrome "ich bin ein Berliner" : déménagement précipité d'un producteur pour Berlin. Profitant ainsi d'un logement au loyer modique et d'une atmosphère créative optimale, le quidam ne tarde pas à réviser ses orientations musicales sur les bons conseils de Marcel Dettmann afin d'exploiter les nouveaux débouchés économiques qui s'offrent à lui.Désormais habité par des valeurs de rigueur et d'austérité rythmiques, il s'abandonne au purisme techno et deep house dans une stricte filiation Detroit/Chicago, villes jumelées à Berlin depuis au moins Kennedy. NB : pour ceux qui craignent les hivers à moins 10° C, marche aussi sans se relocaliser dans la capitale allemande.
(Tech)no future: fâcheuse tendance pour un producteur de bass music à technoïser ses tracks pour diverses raisons : parce qu'il aspire à un rythme de vie plus régulier incompatible avec les breakbeats , parce qu'il veut être playlisté par a)Jeff Mills, b)Richie Hawtin c)Carl Craig , parce qu'il est atteint du syndrome "ich bin ein Berliner". Problème : ses tracks finissent par ressembler à un vieux morceau de a)Jeff Mills, b)Richie Hawtin, c)Carl Craig.
Meilleurs exemples 2011 : le label 3024, Blawan, Boddika.
Jacquesyourbodisme: découverte subite des origines de la
dance-music par un producteur qui ne jure désormais plus que par la
House de Chicago. Tenant absolument à faire partager son enthousiasme,
celui-ci nous gratifie dès lors de tracks que l'on possède déjà depuis 1987.
Meilleurs exemples 2011 : Jacques Greene, Julio Bashmore, Maurice Donovan.
DiPisation : A ne pas confondre avec la pratique en vogue dans
l'industrie du film pour adultes. Processus de vieillissement accéléré
d'un producteur passé l'âge de 22 ans (21, si celui-ci est issu du
post-dubstep). La DiPisation se manifeste par l'apparition d'un esprit
musical plus mature, plus deep, empreint de préoccupations
existentielles qui ont l'air très très profondes. Se
conjugue souvent au Jacquesyourbodisme ou au (Tech)no future.
Meilleurs exemples en 2011 : Koreless,Georges Fitzgerald, Eliphino, Maya Jane Coles, Disclosure.
Cobrandisme: pratique qui consiste pour un producteur de musique de danse à construire un morceau autour d'un acapella de Brandy afin d'associer son nom relativement inconnu à une figure mondialement appréciée. Le cobrandisme aboutit immanquablement à un buzz certain se traduisant par une augmentation significative du nombre de followers sur Soundcloud. En fonction de la notoriété du bidouilleur et de la qualité du morceau, le cobrandisme peut déboucher soit sur un MP3 en téléchargement libre sans photo sexy de Brandy , soit sur le pressage d'un white label sans photo sexy de Brandy . Marche aussi avec Rihanna , Ciara ou Cassie.
After Eight-O-Eight : littéralement, courir après le succès de
la juke et du footwork en exploitant à fond les sonorités de la TR 808.
Une tendance lourde démarrée en 2010 mais qui s'est encore intensifiée
cette année en version IDM , chopped and screwed ou electro vintage et
hybridé avec à peu près tout et n'importe quoi. Bref le virus semble
n'avoir épargné personne.
Meilleurs exemples 2011 : Machinedrum, Distal, Myrrys, New York Transit Authority, Om Unit,Kuedo.
Funkydrumming : transposition stricte des préceptes rythmiques
jamesbrowniens aux musiques électroniques.A savoir combiner au forceps
rigueur militaire et suavité, minimalisme martial et moiteur
érogène,uniforme kaki et hédonisme.Une forme de chaos domestiqué en somme.
Meilleurs exemples en 2011 : T Williams, DJ Champion, Mr Tickles , Funkystepz.
Nuumismatique : trouble obsessionnel compulsif consistant pour un producteur à vouloir absolument inscrire ses morceaux dans la tradition du continuum hardcore britannique (the "nuum") au risque de ne jamais les terminer : comment en effet concilier la polyrythmie de la jungle, le swing du UK Garage et la rage du grime au sein d'un seul et même track ? Certains y parviennent sans faire de revivalisme stérile et méritent en conséquence notre respect éternel.
Dubstep: courant musical émergent en provenance des Etats-Unis
et dérivé du heavy metal.On compte parmi ses pionniers l'aventureux
combo rock Korn ainsi que le visionnaire dj/producteur Skrillex à qui
l'on doit l'explosion du genre sur tout le continent américain.Mouvement
prometteur, le dubstep semble de plus en plus intéresser le Vieux Continent
si l'on en croit la timide apparition de producteurs londoniens tels
Horsepower Productions ou Mala. Affaire à suivre donc.
Tropicool (copyright GregDabo): partant du constat que la misère sociale est bien plus supportable sous le soleil de l'hémisphère Sud, le producteur tropicool tient absolument à en faire partager ses diverses expressions musicales aux classes moyennes occidentales en truffant ses morceaux de rythmes exotiques venus des Caraïbes , d'Afrique ou d'Amérique latine. Pour faire bonne figure, il s'inspire également souvent des formes les plus prolétaires de la dance-music européenne (gabber, jumpstyle,dutch house).
Meilleurs exemples 2011 : le moombahton, le label Mad Decent, le label Enchufada.
Alors que le froid commence à se faire sentir et que pointent de sérieuses envies d'hibernation, on lâche rien et pour la playlist de décembre, on vous ramène le canadien Deebs!
Découvert par nos copains de Get Flavor qui ont sorti son premier EP, Dollop, il y a maintenant un an, Deebs ne chôme pas. Au programme, un remix pour le prochain EP de Mister Tweeks sur Pelican Fly, un EP sur le même label début 2012 et une collaboration avec Meati sous le nom Tsuka...
Voici sa playlist pour le mois. Bonne écoute!
Matthias Zimmermann - Luther [Sound Pellegrino]
Lone - Cobra [R&S Records]
G Like Me - Sinden feat. G-Side (5kinAndBone5 VIP Remix) [CD-R]
Sinjin Hawke - Like That [Pelican Fly]
Clams Casino - Motivation
Ryan Leslie - Addicted (Tsuka Bootleg) [Producing for Presents]
Encore un producteur qui gratifie ses followers d'un EP à télécharger gratuitement, certes, mais Last Japan ne ménage pas ses efforts pour proposer une vision élargie de la bass music sur son plaisant 3Thousand EP.
Surtout, le meilleur reste à venir puisque le bonhomme va prochainement sortir un très bon maxi sur le prometteur label Lo Note UK en écoute partielle ci-dessous. Enfin, pour ceux qui souhaiteraient se sevrer de Rinse FM, on conseille l'écoute de son show sur NTS Radio où officient également les excellentissimes membres du label 92 Points, Dark Sky ou Arcade.
A la demande générale, nous allons vous parler de Lobot's Head ! Nous le suivons depuis ses débuts il y a quatre ans, quand il évoluait au sein du trio Voice Strap. Mais il a pris en solitaire une direction bien différente de cette vague French Touch 2.0. et s'est mis à flirter avec la Bass music à l'anglaise, la Tropicale et la house déviante de labels comme Marble, Sound Pellegrino ou encore No Brainer Records. Il a fait ses armes dans cette nouvelle voie avec un remix du track Highgyptian de Bambounou, puis a eu une collaboration très réussie avec un gars de chez nous, Dabö, pour le morceau qui suit :
Depuis, il a pris son envol, sans conteste. Ainsi, un de ses tracks figure sur la compilation gratuite Buffet Libre - Deuxième Service, sortie au début du mois par Dynamik, le collectif toulousain. Mais, surtout, il vient de faire paraître son premier maxi, en auto-production. L'Extensive EP contient quatre originaux : "Saw Lonely", sous influence UK garage et donc le préféré de Nikki Sonic, "Saw Lonely" en UK version, "Eyes", qui est pour nous moins intéressant et, my favorite, "Cruik Light", plus ghetto bass, dont la rythmique, pour une part, emprunte à la Bmore. Je vous laisse vous faire votre propre opinion en écoutant le maxi :
Ça vous plaît ? Eh bien, restez connectés car on m'annonce que le jeune garçon aurait signé sur un label français qui monte, qui monte, qui monte, et que nous aimons beaucoup ici... Les remixeurs invités sont impressionnants mais je ne peux vous en dire plus pour le moment. Alors, patience et comptez sur nous pour suivre l'affaire de près !
Bonus !
Lobot's Head (par ici pour la page Facebook) a décidé d'offrir gratuitement aux lecteurs de High Maintenance in Toulouse la UK/VIP version de "Saw Lonely", dont le quota de téléchargements gratuits est depuis longtemps dépassé : merci à lui !
En effet, pour la playlist du mois, nous avons reçu non pas
une, mais DEUX playlists. Qui plus est de gens que l’on apprécie beaucoup ici :
Dakunt et Tête de Tigre. Je ne sais même pas par qui commencer. Heureusement un
petit pile ou face permet de régler ce problème.
Commencons
par Tête de Tigre (face). Après avoir sorti un deuxième EP sur Squelch& Clap en septembre dernier, il prépare en ce moment des remixes (pour l’instant confidentiels) et sera au
Social début décembre avec le reste de l’équipe Bebup.
Dakunt
(pile). Co-fondateur de Get Flavor (voir la chronique de leur dernière sortie ici), Dakunt a bien voulu s’extraire de la
préparation de son deuxième EP qui sortira sur le label et d’une compile Future
Base toujours sur Get Flavor (vous vous rappelez de la Future Tribal ?)
notamment pour nous filer sa playlist du mois.
Tête de
Tigre :
Blawan -
What you do with what you have [R&S Records]
Kahn -
Tehran [Punch Drunk]
Richard
Colvaen - Polimetria [Vlek Records]
WU LYF - We
Bros (Young Montana? remix) [LYF Recordings]
Kidnap Kid - Shouldn't Be Alone (123Mrk Remix) [Squelch&Clap]
George
Fitzgerald - Don't You [Hotflush Recordings]
Mosca -Dom
Perignon [3024]
Cardopusher
- We Run This State [Iberian Records]
Justin
Martin & Ardalan - Lezgo [Dirtybird]
Slugabed - Whirlpool [Ninja Tune]
Dakunt :
Daniel
Klauser - Symply Swag [Forthcoming Diamante Records]
Everydayz
-2$ [?]
KNC-Ohno
Ohno (Nah Like Remix) [Soukouch Ethnik]
Damu - Don't
Cry In My Bed [CD-R]
Dakunt - G-Life [CD-R]
Deebs - Diamond
Head [CD-R]
Samo Sound
Boy - Shuffle (Ikonika Remix) [Trouble & Bass]
Raziek
& The Night Drugs - Get You Off [Forthcoming Radio Los Santos]
Séance de rattrapage avec cet EP très réussi de R'n'Bass à la française signé Raziek et sorti voilà quelques jours. Les quatre tracks réunis mobilisent l'ensemble des sous-courants de la club music actuelle afin d' opérer un ravalement de façade bénéfique aux divas US qui ont enchanté notre adolescence difficile. A nouveau désirables, elles ont de quoi nous faire fantasmer pendant tout l'hiver. Merci donc à la chirurgie plastique du bon docteur Raziek.
D'habitude je n'aime pas poster sur un EP en particulier. Ca me donne l'impression de faire la chronique d'un CD 2 titres et y'a souvent peu à dire.
Mais cette fois-ci, j'ai eu un tel coup de cœur pour le titre principal de l'EP et je ne peux m'empêcher de le mentionner ici. D'autant que le tout sort sur Get Flavor, un label qu'on apprécie ici pour la qualité de leurs EPs, leur professionalisme et la régularité de leurs sorties (on aura d'ailleurs Dakunt, co-patron du label sur le blog dans pas longtemps).
Bref, l'EP en question est de Daniel Klauser, producteur chilien, qu'on avait déjà repéré notamment pour son remix de Azingele sur Akwaaba:
L'EP s'appelle Rootz et en voici la tracklist: 1. Daniel Klauser-Rootz (Original Mix) 2. Daniel Klauser-Rootz (The Phantom Remix) 3. Daniel Klauser-Rootz (Matanza Remix) 4. Daniel Klauser-Upah! (Original Mix) 5. Daniel Klauser-Dance & Disaster (Original Mix) 6. Daniel Klauser-Dance & Disaster (Look Like Remix)
Clairement la clé de voute de l'ensemble est Rootz. Quelques mots suffisent à le décrire: lead incroyable, sons particulièrement bien choisis et vocal entraînant. Bref, un sans faute. The Phantom y ajoute une petite touche sombre. Matenza en propose une relecture plus deep. Puis, Upah, plus posé, et Dance & Disaster, un titre deep et bien ficelé. Le remix de Look Like le reprend en le posant sur une couche de nappes hypnotisantes.
Preview de l'EP ci-dessous. Téléchargez ici le remix de The Phantom sans frais. Le tout sort mardi 1er novembre.
Le nom de Tommy Kid, membre du Château Lateuf et rédacteur du blog Club, Bass & Wine, dont les tracks - la plupart du temps non signés - se retrouvent de plus en plus souvent dans les tracklists des djs les plus en vue de la scène UK Bass, va enfin pouvoir résonner auprès d'un plus large public avec la parution de l'East Street EP sur Sounds Of Sumo. Cet EP est riche de dix tracks : quatre originaux et six remixes explorent les différents registres de la Bass music et fleurtent avec le UK funky et le future garage. Vous aurez notamment la chance de pouvoir enfin vous procurer le tube Pump Up The Bass, qui tourne déjà depuis des mois et dont la sortie s'est fait tant attendre, puisqu'elle avait même été programmée, dans un premier temps, sur un autre label ! Fin du suspense avec une release bien méritée : merci Sounds Of Sumo. Mais ce n'est pas la seule perle de l'EP. Le titre éponyme est lui aussi une vraie réussite ; il comporte tous les gimmicks d'un morceau de Bass music taillé pour le dancefloor : alarmes, montées de cordes, cut-up vocaux, nappes de synthé, sons en mode Tropical, comme ces flûtes de pan aztèques qui traversent le track. Fool Control explore la même veine, mais en insistant plus lourdement encore sur les basses. Alarm Riddim, plus rough, offre une intro. idéale qui fait monter la pression jusqu'à l'avalanche de basses : on est déjà échec et mat avant les remixes...
MisterTweeks livre une version plus deep et druggy d'East Street, tandis que Pasteman la joue à la Lil Silva. On aime moins le travail de Kingsin sur Alarm Riddim, plus electro et pitché. En revanche, remix très efficace d'Arcade du track Pump Up The Bass, belle synthèse entre ses premières productions très global bass burnée et ses morceaux récents nettement plus sous influence britannique. Squarehead apporte quant à lui une touche hard house assez chicagoanne à ce même morceau : c'est moins convaincant à nos yeux. Enfin, une fois encore, le duo CDBL frappe fort avec son remix d'Alarm Riddim. Décidément très inspiré, il prend beaucoup de liberté avec l'original pour en offrir une belle version, plus smooth. Pour fêter cette sortie, le label a eu la bonne idée de demander à Dash EXP un remix de Pump Up The Bass à distribuer en free download : retrouvez-le plus bas !
Non content d'avoir sorti l'un des meilleurs albums de l'année, Zomby revient avec un EP dont est extraite cette bombe oldskool hardcore.On aime à penser qu'il s'agit d'un hommage au légendaire club Labyrinth d'Hackney , véritable temple de l'esprit rave british des années 90, mais rien n'est moins sûr.
Mister Tweeks, l'un des piliers de l'écurie Pelican Fly, réinterprète totalement ce titre de Mz Bratt produit à l'origine par Redlight. On trouve ça tout simplement excellent.
3) dBridge - So Lonely (Morgan Zarate Remix) (Exit)
dBridge continue d'essaimer un peu partout le son autonomic , on le retrouve aussi bien sur le DJ Kicks de Scuba que sur la dernière compilation drum'n'bass de Shogun Audio, mais c'est sur son propre label qu'il lâche ce So Lonely remixé façon Prince par Morgan Zarate.
4) T Williams - Break Broke (Local Action)
Sorti depuis quelques semaines déjà , le nouvel EP de T Williams ne nous quitte plus. Son Break Broke époustoufle par sa capacité à faire suer ses beats comme s'ils étaient joués live.On conseille également l'écoute de son récent mix pour Fact, truffé de classiques.
5) Rockwell - 4U (Shogun Audio)
On écoute toujours beaucoup de drum'n'bass en cachette et parfois on tombe sur de véritables pépites à l'instar de ce 4U, signé du junglist déviant Rockwell.
L'ovni complet du moment. Les vétérans Neil Landstrumm et JD Twitch tropicalisent l'electronica, pervertissent le broken-beat et envoient le tout en club. L'un des meilleurs morceaux entendus cette année.
Les sorties en rafale des albums signés Rustie, Joker et Damu, auxquelles on peut adjoindre les travaux d'Hudson Mohawke et Araabmuzik, attestent d'une relative convergence entre l'underground electro et le mainstream pop. Bien qu'originaires d'univers musicaux divers, ces enfants de la boucle semblent en effet tous vouloir opérer une étrange synthèse musicale à partir des gimmicks les plus éculés de l'eurotrance 90's et du R'n'B tendance chaudasse , à tel point que le résultat peut sonner comme une version grime des productions contemporaines concoctées pour les divas US en mal de hits planétaires.Ayant assimilé à peu près tout et son contraire musical , ces objets sonores mal identifiés ont fait le choix de la fougue adolescente, c'est-à-dire de recracher l'ensemble de leurs influences sous une forme maximaliste, peut-être en réaction à l'austérité prononcée d'une certaine tendance post-dubstep. Presque systématiquement donc, leurs morceaux mettent en avant des synthés flambloyants (ou criards, c'est selon) ainsi que des boucles vocales sous hélium quand leurs charpentes rythmiques hésitent entre breakbeats hip-hop et séquences plus 4/4. Alors swag ou pas swag ? Ben tout dépend du producteur considéré.
Rustie est clairement celui qui s'en sort le plus brillamment .Sur son opus Glass Swords, il parvient à dépasser l'opposition populisme/élitisme en proposant une version aphone mais toujours clinquante du R'n'B. Ses morceaux procurent ainsi l'impression d'être projeté dans un gigantesque parc d'attractions où l'excitation se mêle à la peur de vomir devant tant de montagnes russes dévalées. Les tracks aguichent le chaland à coups de basses slapées (!), de lignes mélodiques euphoriques, de montées vertigineuses sans pour autant que le tout ne mute en fête à neuneu. Le tour de force nous semble devoir beaucoup au background breakbeat hardcore et grime qui sous-tend l'affaire. A l'écoute de Glass Swords, on pense souvent à Sonz Of Da Loop Da Loop Era pour la folie junévile , à Ruff Squad pour l'aspect décharné mais chatoyant et à Tiësto pour on ne sait quelle raison. Bref du grand art qui interroge les frontières entre références nobles et mauvais goût, c'est-à-dire tout ce qu'on aime.
Damu reste quant à lui un peu plus dans la retenue. Plus proche d'un Deadboy que de l'eurotrance, son très solide Unity propose une relecture bass (voire bleep) du R'n'B, finalement assez partagée en 2011 . Le principal intérêt de la chose réside dans son hésitation constante et touchante entre le contemplatif et le festif, entre rester chez soi et sortir en club. Du coup ce sera peut-être l'album préféré des bedroom djs cette année.
Le cas Joker est plus délicat, son premier album suscitant la déception. Pourtant pionnier d'un son purple qui réhabilitait les synthés chatoyants au sein des austères scènes grime/dubstep circa 2007 avec un morceau comme Grimey Princess , le producteur de Bristol se montre trop fréquemment complaisant sur The Vision. La faute en revient à des vocalistes qui surlignent inutilement les dynamiques rythmiques des tracks (sur Slaughter House par exemple).Malgré quelques instrumentaux aventureux , l'ensemble demeure trop formaté pour n'avoir d'autre mérite que celui de casser l'image élitiste du label 4AD sur lequel il est publié.
PS : Rustie - Glass Swords (Warp): déjà paru / Joker - The Vision (4AD): sortie prévue le 31 octobre / Damu - Unity (Keysound): sortie prévue le 7 novembre.