Les célèbres Cracki Parties qui ont mis en émoi la capitale en investissant notamment des usines désaffectées sont devenues un label dont le but est de promouvoir les talents made in l'Eléphant ;-) Nous nous faisons un plaisir d'en parler car derrière ce beau projet on trouve notre compatriote Qosmonaut, qui œuvre également à Toulouse au sein du Cabanon. La première sortie est signée Larcier, qui livre une plage de house très épurée, minimaliste et deep, portée par le vocal pop classieux d'Isaac Delusion. Renart, concluant l'EP, accentue les claps pour emmener le morceau original sur les dancefloors. Vivement la prochaine sortie, que j'ai eu le privilège d'écouter et qui, pleine d'élans folk électroniques, a pu réchauffer un peu mon cœur en ces premiers jours d'hiver... Larcier - Sometimes I See EP [cracki001] by Cracki Records !
Sur ce, je reviens à mes chocolats en vous souhaitant à tous un joyeux Noël, fidèles lecteurs ! Notre Père Noël a d'ailleurs laissé ci-dessous un petit cadeau pour vous...
Bonus de Noël !
La version vocale à télécharger gratuitement, thanks to XLR8R.
On ne vous avait pas parlé du label orléanais Soukouch Ethnik jusque-là mais nous n'en suivions pas moins chacune des sorties avec une grande attention. En effet, notre curiosité a été piquée dès la première release, l'Introducing EP de Martin Sauvage, cofondateur du label avec Kyjah! (le maxi est disponible ici en free download). Le label marche sur des plates-bandes qui nous sont familières : juke, UK bass, garage, tropical bass, footwork, Bmore..., défrichant des artistes promis à un bel avenir.
C'est donc avec empressement que nous nous emparons de la septième sortie du label, le Get Closer EP signé Nah Like, pour afficher notre soutien à cette jeune structure. Nah Like se compose du Français The Quest et du Belge Ralph Low. Le premier vient de l'univers de la bass music tandis que le second est plus proche de la scène hip hop au sens large. Par conséquent, le maxi opère naturellement la fusion de ces deux influences, la déclinant de différente manière au fil des trois originaux, "Close", "Waiting You" et "Blessed". Personnellement, j'aime particulièrement la touche Bmore du dernier cité. Côté remix, on a affaire à un beau travail de deepisation du Brooklyner Norrit sur "Waiting You" et Kon joue la carte du mysticisme sur "Blessed". Le boss, quant à lui, a eu le bon goût d'offrir gratuitement sa version de ce même morceau, que vous pourrez télécharger ci-dessous.
Inégale dans ses propositions, la dance-music version 2011n'aura pas échappé à la loi d'airain dont procède traditionnellement son évolution. Agissant par hybridation, par recombinaison d'éléments préexistants, revisitant son passé à l'aune du présent, elle a pu produire d'excellents morceaux durant l'année sans toutefois être en mesure de faire jaillir une profonde révolution des formes sonores.La faute en revient souvent à un contexte de production,de diffusion et d'écoute totalement bouleversé à l'heure du net, achevant de consacrer une forme de globalisation musicale qui, paradoxalement, affaiblit son impact général. Prisonnière d'une dynamique rhizomique , la dance-music ne se mondialise en effet qu'en se fragmentant, créant toujours plus de micro-courants peu propices à l'élargissement de son public, qui lui même se segmente à l'infini, en l'absence d'un ancrage territorial fort susceptible de procurer de solides bases à un développement idiosyncratique. En un sens, l'electro semble de plus en plus post-géographique tout en continuant à hybrider des genres précisément définis par leurs origines territoriales (la techno/house de Detroit/Chicago/Berlin , le UK garage, ...) . A l'inverse, les tentatives pour fédérer et unifier tous ces courants en un mouvement de masse s'effectuent souvent au détriment des valeurs de la dance-music tant les genres les plus populaires cette année reprennent en réalité à leur compte les principes du rock comme en témoigne l'audience toujours croissante d'un dubstep désormais plus proche du heavy metal que de ses racines londoniennes. Ce constat établi, petite revue des tendances que l'on a cru déceler dans ce foisonnement musical version 2011 à partir de quelques néologismes plus ou moins improbables.
Glime: littéralement, courant qui vise à rendre glamour le
grime.Par extension, désigne tout ravalement de façade sonore qui tend à
inverser les valeurs d'un genre musical underground pour le rendre
désirable aux oreilles d'un large public juvénile, selon la recette
appliquée par Daft Punk en son temps sur la house.Exit donc le
minimalisme dark, le son crade , les atmosphères trop déprimantes de
désespérance sociale et place à une approche maximaliste conjuguant
synthés multicolores en 3D, gimmicks vidéoludiques flashy et vocaux
sous hélium. Force est de constater que si cette captation du capital
subculturel des prolétaires par des futurs nouveaux riches à peine majeurs va
quelque peu à l'encontre de nos idéaux désuets de redistribution
égalitaire des richesses, elle a produit cette année des résultats
enthousiasmants (Glass Swords de Rustie, bien sûr).
Meilleurs exemples 2011 : Rustie, Hudson Mohawke, Kampfhaft, Sinjin Hawke.
Youkigaragisme: Artisan basé à Sydney , Toronto ou plus exceptionnellement à Londres, le youkigaragiste est nostalgique d'un temps qu'il a rarement connu, faute d'avoir eu 20 ans en 1998, depuis qu'il est tombé sur un vieux track de Groove Chronicles en flânant sur YouTube.Dès lors il n'a de cesse de vouloir faire swinger ses beats comme Steve Gurley tout en passant ses nuits sur E-Bay à regarder s'envoler la cote des vieux maxis d'Industry Standard.
Meilleurs exemples 2011 : Mosca,Chaos in the CBD, VVV.
Le syndrome "ich bin ein Berliner" : déménagement précipité d'un producteur pour Berlin. Profitant ainsi d'un logement au loyer modique et d'une atmosphère créative optimale, le quidam ne tarde pas à réviser ses orientations musicales sur les bons conseils de Marcel Dettmann afin d'exploiter les nouveaux débouchés économiques qui s'offrent à lui.Désormais habité par des valeurs de rigueur et d'austérité rythmiques, il s'abandonne au purisme techno et deep house dans une stricte filiation Detroit/Chicago, villes jumelées à Berlin depuis au moins Kennedy. NB : pour ceux qui craignent les hivers à moins 10° C, marche aussi sans se relocaliser dans la capitale allemande.
(Tech)no future: fâcheuse tendance pour un producteur de bass music à technoïser ses tracks pour diverses raisons : parce qu'il aspire à un rythme de vie plus régulier incompatible avec les breakbeats , parce qu'il veut être playlisté par a)Jeff Mills, b)Richie Hawtin c)Carl Craig , parce qu'il est atteint du syndrome "ich bin ein Berliner". Problème : ses tracks finissent par ressembler à un vieux morceau de a)Jeff Mills, b)Richie Hawtin, c)Carl Craig.
Meilleurs exemples 2011 : le label 3024, Blawan, Boddika.
Jacquesyourbodisme: découverte subite des origines de la
dance-music par un producteur qui ne jure désormais plus que par la
House de Chicago. Tenant absolument à faire partager son enthousiasme,
celui-ci nous gratifie dès lors de tracks que l'on possède déjà depuis 1987.
Meilleurs exemples 2011 : Jacques Greene, Julio Bashmore, Maurice Donovan.
DiPisation : A ne pas confondre avec la pratique en vogue dans
l'industrie du film pour adultes. Processus de vieillissement accéléré
d'un producteur passé l'âge de 22 ans (21, si celui-ci est issu du
post-dubstep). La DiPisation se manifeste par l'apparition d'un esprit
musical plus mature, plus deep, empreint de préoccupations
existentielles qui ont l'air très très profondes. Se
conjugue souvent au Jacquesyourbodisme ou au (Tech)no future.
Meilleurs exemples en 2011 : Koreless,Georges Fitzgerald, Eliphino, Maya Jane Coles, Disclosure.
Cobrandisme: pratique qui consiste pour un producteur de musique de danse à construire un morceau autour d'un acapella de Brandy afin d'associer son nom relativement inconnu à une figure mondialement appréciée. Le cobrandisme aboutit immanquablement à un buzz certain se traduisant par une augmentation significative du nombre de followers sur Soundcloud. En fonction de la notoriété du bidouilleur et de la qualité du morceau, le cobrandisme peut déboucher soit sur un MP3 en téléchargement libre sans photo sexy de Brandy , soit sur le pressage d'un white label sans photo sexy de Brandy . Marche aussi avec Rihanna , Ciara ou Cassie.
After Eight-O-Eight : littéralement, courir après le succès de
la juke et du footwork en exploitant à fond les sonorités de la TR 808.
Une tendance lourde démarrée en 2010 mais qui s'est encore intensifiée
cette année en version IDM , chopped and screwed ou electro vintage et
hybridé avec à peu près tout et n'importe quoi. Bref le virus semble
n'avoir épargné personne.
Meilleurs exemples 2011 : Machinedrum, Distal, Myrrys, New York Transit Authority, Om Unit,Kuedo.
Funkydrumming : transposition stricte des préceptes rythmiques
jamesbrowniens aux musiques électroniques.A savoir combiner au forceps
rigueur militaire et suavité, minimalisme martial et moiteur
érogène,uniforme kaki et hédonisme.Une forme de chaos domestiqué en somme.
Meilleurs exemples en 2011 : T Williams, DJ Champion, Mr Tickles , Funkystepz.
Nuumismatique : trouble obsessionnel compulsif consistant pour un producteur à vouloir absolument inscrire ses morceaux dans la tradition du continuum hardcore britannique (the "nuum") au risque de ne jamais les terminer : comment en effet concilier la polyrythmie de la jungle, le swing du UK Garage et la rage du grime au sein d'un seul et même track ? Certains y parviennent sans faire de revivalisme stérile et méritent en conséquence notre respect éternel.
Dubstep: courant musical émergent en provenance des Etats-Unis
et dérivé du heavy metal.On compte parmi ses pionniers l'aventureux
combo rock Korn ainsi que le visionnaire dj/producteur Skrillex à qui
l'on doit l'explosion du genre sur tout le continent américain.Mouvement
prometteur, le dubstep semble de plus en plus intéresser le Vieux Continent
si l'on en croit la timide apparition de producteurs londoniens tels
Horsepower Productions ou Mala. Affaire à suivre donc.
Tropicool (copyright GregDabo): partant du constat que la misère sociale est bien plus supportable sous le soleil de l'hémisphère Sud, le producteur tropicool tient absolument à en faire partager ses diverses expressions musicales aux classes moyennes occidentales en truffant ses morceaux de rythmes exotiques venus des Caraïbes , d'Afrique ou d'Amérique latine. Pour faire bonne figure, il s'inspire également souvent des formes les plus prolétaires de la dance-music européenne (gabber, jumpstyle,dutch house).
Meilleurs exemples 2011 : le moombahton, le label Mad Decent, le label Enchufada.
Alors que le froid commence à se faire sentir et que pointent de sérieuses envies d'hibernation, on lâche rien et pour la playlist de décembre, on vous ramène le canadien Deebs!
Découvert par nos copains de Get Flavor qui ont sorti son premier EP, Dollop, il y a maintenant un an, Deebs ne chôme pas. Au programme, un remix pour le prochain EP de Mister Tweeks sur Pelican Fly, un EP sur le même label début 2012 et une collaboration avec Meati sous le nom Tsuka...
Voici sa playlist pour le mois. Bonne écoute!
Matthias Zimmermann - Luther [Sound Pellegrino]
Lone - Cobra [R&S Records]
G Like Me - Sinden feat. G-Side (5kinAndBone5 VIP Remix) [CD-R]
Sinjin Hawke - Like That [Pelican Fly]
Clams Casino - Motivation
Ryan Leslie - Addicted (Tsuka Bootleg) [Producing for Presents]